Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/319

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douces ou tristes, remplies de larmes, de colères et d’extases, drogues variées que la femme amoureuse but jusqu’à la lie dans la coupe des passions. Quand elle l’eut vidée, elle la brisa pour n’y plus revenir. La satiété engendra l’abstinence, et, avec le temps, ce dernier avatar s’imposa à l’opinion publique. Le mari mourut, les années passèrent, dona Paula devint une personne austère et pieuse, entourée de prestige et comblée de considération.

Il fallait que sa nièce ravivât en elle les réminiscences du passé. L’analogie des situations, l’identité du sang et de la race réveillèrent en elle de vieux souvenirs. Et il ne faut pas oublier qu’elles étaient isolées à la Tijuca, qu’elles allaient passer plusieurs semaines ensemble, et que l’une obéissait à l’autre. C’était vraiment tenter et défier la mémoire.

— Alors, c’est sérieux ? nous ne retournerons pas en ville de sitôt ? demanda Venancinha, en riant, au cours de la matinée du lendemain.

— Tu t’ennuies déjà ?

— Jamais de la vie !… je m’informe…

Dona Paula, souriant aussi, lui fit, du doigt, un signe négatif. Ensuite, elle lui demanda si