Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/328

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pérance, de découragement, de dissimulation, pénétrant dans les élans impétueux dont une créature est bouleversée en semblables circonstances. Ce n’était pas un livre qu’elle feuilletait, ni même un chapitre d’adultère, mais un prologue, intéressant et violent.

Venancinha se tut. De son côté, la tante gardait le silence, repliée sur elle-même, jusqu’au moment où, sortant de sa rêverie, elle attira sa nièce vers elle, regardant toujours sans parler, et de tout près, cette jeunesse inquiète et palpitante, cette bouche fraîche, ces yeux encore ouverts sur l’infini des illusions ; et elle ne se reprit complètement qu’en entendant la jeune femme lui demander pardon. Dona Paula lui dit tout ce que la tendresse et l’austérité d’une mère peuvent trouver à dire en semblable occurrence : elle lui parla de chasteté, d’amour conjugal, de respect de l’opinion. Elle fut si éloquente que Venancinha ne put se contenir et pleura.

On servit le thé ; mais il n’y a pas de thé possible après de certaines confidences. Venancinha se retira dans sa chambre, et, sous la clarté des lumières, elle baissa les regards pour