Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

suite de faux sens, de contresens et de non-sens[1]. »

Mais il faudrait d’abord se demander s’il y a des idées absolument concrètes et définies. Toute idée est le prolongement d’une autre, et le commencement non pas d’une série, mais de mille. Une métaphore n’éclaire pas seulement l’idée où on la projette, pas plus qu’un phare, le navire vers lequel on dirige ses rayons. Et, en présence des faits et des peintures, pouvons-nous ne pas réagir à notre façon ? Paul Vence paraissait croire que le plus grand plaisir d’un artiste est d’être deviné. C’en est un, réel, mais secondaire. Le principal est de créer pour soi-même, et de réaliser un idéal. Le médiocre se satisfait vite, l’homme de talent difficilement : c’est l’unique supériorité de la bêtise. Lorsqu’il est convaincu qu’il ne pourra faire mieux, l’artiste n’a plus que le souci de créer autre chose.

« Il faut écrire pour passer le temps » : c’est-à-dire pour le passer d’une façon supé-

  1. Anatole France, le Lys rouge, p. 92.