Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/37

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J’ai traduit Machado de Assis, c’est-à-dire que j’ai superposé à sa mentalité une autre mentalité bienveillante et aussi harmonique que possible avec la sienne. Et c’est le rôle fatal de tout traducteur, essayât-il de faire une traduction juxtalinéaire, en créant même des néologismes à tout bout de champ, comme Chateaubriand dans sa traduction du Paradis perdu. À travers Milton, on retrouve encore Chateaubriand. Plus d’une fois, essayant des mots comme un peintre des couleurs, pour trouver la nuance juste, je me suis souvenu de l’accès de mauvaise humeur de Paul Vence dans le Lys rouge :

« Il y a de belles traductions, peut-être, il n’y en a pas de fidèles… Chaque lecteur substitue ses visions aux nôtres… Que devient l’idée, la belle idée sous ces méchants hiéroglyphes à la fois communs et bizarres ? Qu’est-ce qu’il en fait, le lecteur, de ma page d’écriture ? Une