Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/54

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besoin de te parler sans retard. » Il était midi ; Camille sortit aussitôt. Dans la rue, il pensa qu’il eût été plus naturel que Villela le fît appeler à son bureau. Pourquoi chez lui ? c’était extraordinaire ; et l’écriture, à tort ou à raison, lui parut tremblée. Y aurait-il une corrélation entre cet événement et ce qu’il avait appris la veille ? « Viens immédiatement chez nous ; j’ai besoin de te parler sans retard », répétait-il, les yeux fixés sur le papier.

En imagination, il vit passer le bout de l’oreille d’un drame : Rita subjuguée et sanglotante, Villela indigné, prenant la plume, certain qu’il viendrait, et l’attendant pour le tuer. Camille trembla ; il avait peur. Ensuite il rit jaune, car, dans tous les cas, il répugnait à l’idée de reculer. Et il continua sa route. Chemin faisant, il lui prit la fantaisie d’aller chez lui. Peut-être y trouverait-il quelque avertissement de Rita, qui lui donnerait la clef du mystère. Il ne trouva rien, ni personne. Il descendit de nouveau dans la rue, et la possibilité que tout fût découvert lui parut de plus en plus vraisemblable. Une dénonciation anonyme était naturelle, de la part de la même personne qui l’avait