Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/57

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pencha pour regarder la maison. Ensuite, il fit un geste d’incrédulité. L’idée de consulter la tireuse de cartes venait de loin, de très loin, sur de larges ailes grises. Elle disparut, elle reparut, elle s’évanouit encore dans sa pensée ; mais au bout d’un instant, elle remua de nouveau ses ailes, plus près, en traçant des cercles concentriques… Dans la rue, les hommes criaient en dégageant la charrette : « Allons, maintenant ! Ho ! dia ! »

Encore un instant, et l’obstacle serait franchi. Camille fermait les yeux, pensait à autre chose. Mais la voix du mari lui murmurait aux oreilles les paroles de la lettre : « Viens immédiatement… » Et il pressentait en tremblant le déchaînement du drame. La maison le regardait. Ses jambes voulaient descendre et entrer… Un voile opaque s’étendit devant ses regards… il pensa rapidement à ce qu’il y a d’inexplicable dans tant de choses. La voix de sa mère lui répétait un tas de faits extraordinaires, et la phrase du prince de Danemark roulait dans son esprit : « Il y a plus de choses sous les cieux et sur la terre que n’en imagine notre philosophie… » Que perdait-il si… ?