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Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/58

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Il se trouva sur le trottoir, devant la porte. Il dit au cocher d’attendre, enfila rapidement le corridor, et monta l’escalier… La lumière était faible, les marches rongées par le frottement, la rampe graisseuse. Mais il ne vit rien, ne sentit rien. Il grimpa et sonna. Personne ne vint ; il eut envie de descendre. Il était trop tard : la curiosité lui fouettait le sang ; ses tempes battaient. Il frappa à la porte, un coup, deux coups, trois coups. Une femme ouvrit, c’était la cartomancienne. Camille lui dit qu’il venait la consulter, et elle le fit entrer. Puis ils montèrent jusqu’aux combles, par un escalier pire encore que le premier, et plus obscur. Là-haut, il y avait une chambrette, mal éclairée par une seule fenêtre, qui donnait sur le toit de la maison voisine. De vieux meubles, des murs tristes, un air de pauvreté, loin de détruire le prestige du lieu, l’augmentaient encore.

La tireuse de cartes fit asseoir Camille devant une table, et s’assit du côté opposé, le dos tourné à la fenêtre, de façon que le peu de lumière du dehors battait en plein sur le visage de Camille. Elle ouvrit un tiroir, et y prit un jeu de cartes longues et sales. Tandis qu’elle