Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/59

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les mêlait rapidement, elle regardait le visiteur, non en face, mais en dessous. C’était une femme de quarante ans, italienne, maigre et brune, aux grands yeux rusés, et dont les regards perçaient.

— Voyons d’abord ce qui vous amène. Vous venez d’avoir une grande peur…

Camille, stupéfait, fit un geste affirmatif.

— Et vous voulez savoir, continua-t-elle, s’il vous arrivera ou non quelque chose…

— À moi ou à elle, dit-il vivement.

La cartomancienne ne sourit pas. Elle lui dit simplement d’attendre. Rapidement, elle brouilla de nouveau les cartes, de ses longs doigts fins aux ongles en deuil. Elle mêla et remêla, coupa, une fois, deux fois, trois fois. Ensuite elle recommença l’étalage. Camille ne la quittait pas du regard, curieux et anxieux.

Les cartes m’annoncent…

Camille s’inclina pour boire, une à une, ses paroles. Elle lui dit de ne rien craindre ; que rien ne lui arriverait, ni à lui ni à elle. Quant à l’autre, il ignorait tout. Pourtant il était indispensable de se montrer prudent. L’envie, le dépit tramaient dans l’ombre autour d’eux.