Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/68

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mystère m’attira. J’allai à la maison chercher les clefs de la sacristie (le sacristain était allé passer la nuit à Nytherohy), je fis le signe de la croix, j’ouvris la porte, et j’entrai.

Le corridor était obscur. J’avais emporté une lanterne, et je cheminais lentement, étouffant le plus possible la rumeur de mes pas. La première et la seconde porte qui communiquent avec l’église étaient fermées ; mais on apercevait la même lumière, peut-être plus intense que du côté de la rue. Je continuai d’avancer, jusqu’au moment où je trouvai la troisième porte ouverte. Je mis la lanterne dans un coin, avec mon mouchoir par-dessus pour qu’on ne l’aperçût pas du dedans, et je m’approchai pour voir de quoi il s’agissait.

Je m’arrêtai presque aussitôt. En effet, à cet instant seulement, je m’avisai que j’étais venu désarmé, et que j’allais courir un grand risque, en apparaissant dans l’église, sans autre défense que mes deux mains. Quelques minutes s’écoulèrent. La lumière restait la même, égale et diffuse, et d’une couleur laiteuse, différente de celle des bougies. J’entendis aussi des voix qui achevèrent de me troubler.