Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elles n’étaient point basses et confuses, mais régulières, claires et tranquilles, et donnaient l’idée d’une conversation. Je ne pus entendre tout d’abord ce que l’on disait. Soudain, une pensée me fit frémir. Comme, dans ce temps-là, les cadavres étaient enterrés dans les églises, je m’imaginai que ce pouvaient être des défunts qui causaient entre eux. Je reculai plein d’effroi, et ce ne fut qu’au bout de quelque temps que je pus réagir et revenir vers la porte, en me disant qu’une semblable supposition était une folie. La réalité allait me faire assister à quelque chose de plus ahurissant qu’un dialogue de morts. Je me recommandai à Dieu, fis un second signe de croix, et m’avançai doucement, collé à la muraille, jusqu’à l’entrée. Je vis alors une chose stupéfiante.

Deux des trois saints de l’autre côté, saint Joseph et saint Michel (qui se trouvent à droite de qui entre dans l’église par la porte de face), étaient descendus de leurs niches, et s’étaient assis sur les autels. Leurs dimensions n’étaient pas celles des propres images ; ils étaient de stature humaine. Ils parlaient dans la direction opposée, où se trouvent les autels de saint Jean-