Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/76

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comme la mort. Jamais personne n’a plus implacablement extorqué de la bourse d’autrui l’or, l’argent, le papier et le billon. Personne ne s’en est emparé avec plus d’âpreté et de zèle. Une monnaie qui lui tombe dans la main en sort difficilement ; et le surplus de ce qu’il a converti en immeubles gît dans une armoire de fer à sept clefs. Il l’ouvre de temps à autre, aux heures de repos, contemple l’argent pendant quelques minutes, et le renferme ensuite à la hâte. Et les nuits suivantes, il ne dort pas, ou dort mal. Il n’a pas d’enfants. Sa vie est sordide. Il mange peu et mal, seulement pour entretenir l’existence. Sa famille se compose d’une femme et d’une esclave noire, achetée avec une autre, il y a bien des années, et en cachette, car il s’agissait de contrebande. On dit même qu’il ne les a pas payées, attendu que le vendeur mourut peu après, sans laisser de document. Une des négresses ne tarda pas à en faire autant ; et ici vous allez voir si cet homme a ou non le génie de l’économie. Sales libéra le cadavre.

— Le cadavre !

— Oui, le cadavre. Il fit enterrer l’esclave