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44 LE DIT DOU VERGIER


908 Au tin amant qui est honteus.[1]
Et qu’atant se vueille souffrir[2]
De lui ramposner et laidir,
Et que plus ne li soit contraires,
912 Car il est dous et débonnaires,
Et s’a servi moult humblement
Et enduré pacienment ;
Et pour le bien qui est en li,
916 Dit elle, qu’il a desservi
De la joie moult grant partie,
Et que mieus seroit emploiie
En lui qui vuet vivre toudis[3]
920 Amoureus en fais et en dis
Qu’en celui qui d’amours porroit
Son cuer oster, quant il vorroit.
Einsi de Dangier desloial
924 Deffent Grâce l’ami loial.

« Après Grâce, Pitié revient
Qui moult doucement se maintient,[4]
Et dit que Cruautez a tort
928 Qui l’amant vuet mettre a la mort.[5]
Pour ce qu’il a rouvé le don[6]
De la joie, car en pardon
Ne doit mie tousjours servir,
932 Et qu’il fait mal de retenir[7]
Son guerredon et son salaire ;
Et encor dit la débonnaire
Que ce seroit trop grans péchiez,
936 S’uns amis si bien entechiez
Com cils est morroit par deffaut
De la joie qui si tost faut ;

  1. C amant qui en mendie
  2. MBDEKJ sen vueille
  3. C vueil
  4. C sagement
  5. E a mort
  6. D quil refuse le don
  7. D qui.