Qui dit et demoustre en sa page
Que, quant il a tout conceü,[1]
132Tout ymaginé, tout veü,[2]
Esprouvé, serchié, viseté
Le monde, c’est tout vanité,[3]
Et qu’il n’i a autre salaire
136Fors d’estre liez et de bien faire.
Et tout einsi com je cuidoie
Laissier le penser ou j’estoie,
Il me sourvint une pensée
140Plus diverse, plus effreée,[4]
Plus enuieuse la moitie,
Et de plus grant merencolie.
Ce fu des orribles merveilles,[5]
144Seur toutes autres despareilles,
Dont homme puet avoir memoire,[6]
Car je ne truis pas en histoire[7]
Lisant nulles si mervilleuses,[8]
148Si dures, ne si perilleuses[9]
De quatre pars, non de dis tans,[10]
Comme elles ont esté de mon temps.[11]
Car ce fu chose assez commune[12]
152Qu’on vit le soleil et la lune,
Les estoiles, le ciel, la terre,
En signefiance de guerre,
De doleurs et de pestilences,
156Faire signes et demoustrances.[13]
Car chascuns pot vëoir a l’ueil[14]
Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/238
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