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Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/25

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INTRODUCTION XVII


Dans le Confort d’ami, il nous apprend qu’il a été au château de Bruguelis, où « n’a fleur de lis, car il y fait froit en esté[1] », preuve de ses séjours en Bohême[2]. Il fait avec le roi la campagne de Silésie en 1327 et assiste à la prise de Breslau et à la soumission de quatorze seigneurs du pays[3]. Pendant l’hiver de 1328-29, il l’accompagne contre les païens, en Lithuanie, où l’on s’empare de Medonagle et où l’on fait « crestienner des mescrëans plus de sis mille[4]». «Je fui, dit le poète, pre-

  1. Confort d’ami, v. 3014-15 ; 3016 : « Bien le sçay, car j’y ay esté. » C’est le château de Bürglitz, en Bohême, où le roi Jean, comme dit Machaut {ibid.), avait tenu prisonnier son adversaire, le duc Henri d’Autriche
  2. D’après P. Paris (Voir Dit, p. xv, n. 1), une autre preuve des séjours de Guillaume en Bohême serait donnée dans ce même Confort d’ami (v. 3969-70), où il est question de Burglost, « château des rois de Bohême, à six lieues de Prague », d’après le savant éditeur. Mais cette explication doit être écartée, car les manuscrits donnent Glurvost, Gluvost, Gluroust, et c’est, en effet, Glurvost seul qui peut fournir les éléments nécessaires à l’anagramme où Machaut se nomme avec le roi de Navarre. Ce Glurvost que nous n’avons pas réussi à identifier est, au dire du poète, « une villette en l’Empire qui n’est gueres dou Bourget pires » (vv. 3971-72). C’est évidemment le nom estropié et devenu méconnaissable de quelque petite localité allemande ou autrichienne que Machaut — et voilà ce qu’il faut retenir — a connue jadis.
  3. Confort d’ami, v. 3027 : « Je le vi ; pour ce le tesmoing. »
  4. Ibid., V. 3033-34. La forteresse de Medewageln, forme reconstituée d’après les documents contemporains par Voigt (Geschichte Preussens, IV [1830], 365, n. 4 et 429, n. 3) n’est, d’après les éditeurs des Script, rertim Prussicarum, I [1861], 182, n.4)« nicht näher nachweisbar ». La chronique de Petrus von Dusburg dit en effet : « VI. milia hominurfi dicti castri sunt in nomine domini baptizati » [Script, reriim Pruss., I, 215), et c’est le roi de Bohême qui leur a sauvé la vie, tandis que le grand-maître de l’ordre teutonique voulait tous les massacrer.