Qui au riche homme mieus talente
Et li est trop plus avenans
Que ne soit tous li remenans ;
Et est einsi[1] de lui amée,
Tant comme elle est ente clamée.
Or avient que li temps trespasse
Tant que li petis jouvens[2] passe ;
Se montent ses branches au vent
Pour entrer en[3] secont jouvent
Qui est moiens temps appellez.
S’estent[4] ses branches de tous lez,
En eslargissant sa biauté
Et en acroissant sa bonté,[5]
Pour traire a la conclusion
Qui est dite perfection,
Pour li deduire[6] et deporter,
Fleurs, fueilles et bon fruit porter.
Or dij’einsi qu’il avenra
Que li sires demandera
Comment celle ente se maintient
Et quel[7] qualité elle tient.
Li jardiniers puet dire : « Sire,
Pour vérité, vous en puis dire,
Ce m’est avis, bonne[8] nouvelle.
Ne demandez plus que fait elle,
Mais demandez me[9] bien qu’il fait[10],
Car vostre ente un aubre[11] parfait,
Et en tel guise se deporte
Que flours, fueilles[12] et bon fruit porte.
Dont perdu a d’ente le nom,
Et d’aubre[13] a recouvré le nom[14],[15]
Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/317
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