Charles le Mauvais dans les œuvres de Machaut. Par contre, on y voit apparaître désormais des membres de la famille royale de France. Le silence du poète sur le roi de Navarre, — Guillaume ne lui accorde pas même un souvenir, lui qui jusque dans son dernier poème rappelle encore la mémoire de Jean de Bohême, de sa fille Bonne, du roi Charles V, — ce silence est-il l’œuvre d’un simple et pur hasard ? Et l’apparition de Charles et de Jean, fils de Jean le Bon, à la place de Charles le Mauvais, est-elle toute fortuite ? Charles de Navarre, bientôt après avoir repris sa liberté, s’était mis en guerre ouverte contre Charles, duc de Normandie, régent du royaume de France en l’absence de son père, et ce n’est qu’au mois de mars 1365 qu’un traité définitif fut conclu entre eux à Avignon. Or, c’est précisément durant la période de 1358 à 1365 que se placent les poèmes en question, où figurent les princes de la maison de France. Le fait est assez significatif pour permettre de supposer que Guillaume, fidèle au Navarrais tant qu’on ignorait encore ses menées hostiles et funestes et qu’on pouvait croire à sa bonne foi, se détacha de son protecteur, quand celui-ci découvrit son jeu et se rallia ouvertement aux adversaires de la royauté française. Guillaume alors s’attache à ses seigneurs légitimes de la maison royale de France. Ce n’est pas que le sentiment patriotique du poète ait été ardent et vivace. On ne rencontre pas, en effet, dans l’immense étendue des œuvres de Machaut d’accent ému au spectacle des malheurs de la France que le poète pourtant a vus de bien près ; on n’y trouve pas la moindre trace d’une joie causée par les exploits d’un du Guesclin ou par le relèvement du royaume, auxquels Deschamps s’est associé dans des vers vigou-
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