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Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, II.djvu/27

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REMEDE DE FORTUNE XIX

poème de Guillaume et ceux qui le précèdent '. Même le Roman de la Rose n'a pas été utilisé dans cette par- tie du poème : quoique traitant le même sujet, les questions sur lesquelles disserte Jean de Meun sont bien différentes de celles qui sont exposées dans le Remède de Fortune 2 . En dernier lieu les points de contact que peut présenter ce poème avec les ouvrages français antérieurs s'expliquent encore par cela qu'ils remontent tous, les uns directement, les autres indi- rectement, à la même source, le célèbre traité de Boèce, De consolatione Philosophiae. C'est laque s'ins- pirent les poètes et les moralistes qui se proposent d'en- tretenir leur public des désastres causés par Fortune et de lui apprendre à supporter ses coups redoutables. Jean de Meun renvoie à « Boëce de Confort » dans le Roman de la Rose, en souhaitant que quelqu'un en entre-

��i. Si par exemple la troisième strophe du poème de Watriquet offre quelque ressemblance avec la première strophe de la Com- plainte du Remède de Fortune, cela n'est dû qu'à cette circons- tance que les deux strophes riment en -ourne et cette rime est donnée tout naturellement par le verbe tourner, l'une des fonc- tions principales de Fortune. Ou encore la roe de Fortune, entraînant après elle des rimes telles que moe, boe, etc., établit un air de ressemblance entre la douzième strophe du Dialogue de Pierre de la Broche avec la dizième strophe de la Complainte . Quant aux lieux communs, ce sont les plaintes sur l'inconstance de Fortune, sa « mutacion soudeinne », sa « trahison »,sa faus- seté qui « oint » et « point » etc.

2. Nous avons fait remarquer plus haut (p. xv, n. 3) que Guil- laume, en recommandant d'aimer malgré tout, fait une opposi- tion directe aux recommandations que Jean de Meun fait entendre aux amoureux par la bouche de Raison. Le ton même du pas- sage en question (v. 2797-2803) nous fait croire que Machaut avait vraiment en vue les vers du Roman de la Rose et qu'il les combat en effet, sans toutefois en faire expressément mention. Cela prouverait, ce qui était admissible a priori, qu'il se souve- nait de cette partie de l'œuvre de Jean de Meun, lorsqu'il écrivit le Remède de Fortune.

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