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REMEDE DE FORTUNE LI

« Balades, rondeaux et diz entez sur refroiz de ron- deaux »; dans le chansonnier d'Oxford les virelais se trouvent pêle-mêle au milieu des ballettes, sans qu'au- cune distinction soit faite entre ces genres divers. D'un autre côté, les pièces qui se qualifient elles- mêmes de vireli ou virelai ne répondent pas absolu- ment à ce que le xiv e siècle entendait sous ce nom, ni la ballette 52 du manuscrit d'Oxford, ni la pièce du Roman de Cleomadès, faite a la manière de vireli (v. 5529 ss.), qui est en réalité un rondeau. Nous aboutissons par conséquent au résultat suivant : la forme lyrique que Machaut, ses contemporains et ses successeurs, appellent, soit virelai, soit chanson bala- dée, existe dans la poésie française au moins depuis la fin du xm c siècle, mais elle n'est point alors considérée comme un genre lyrique particulier ; on la confond avec les ballades ou ballettes. Le terme de virelai, de son côté, existe également, mais ne paraît pas encore avoir désigné la forme lyrique spéciale qu'on entend par ce mot au xiv e siècle; il reste un terme assez vague, désignant probablement tout simplement une chanson à danser (ballette et même rondeau), sans en préciser en rien la forme.

C'est même, sans doute, l'école de Machaut qui a enfin nettement séparé les ballades et les virelais con- fondus jusqu'alors sous une même désignation, le virelai n'étant au fond qu'une variété de la ballade '. Mais le terme de « virelai » ne convient pas à notre poète; il réclame celui de « chanson baladée » qui fait mieux ressortir la parenté de ces deux genres lyriques.

1. Voy. P. Meyer, Romania XIX p. 25. Il faut décidément écar- ter l'opinion, souvent répétée, selon laquelle il y aurait une relation étroite entre le rondeau et le virelai : ils ont sans doute une origine commune; mais dans leur développement ils ont suivi des voies très différentes. Ils ne se rapprochent de nouveau l'un de l'autre qu'au xv e siècle.

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