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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/174

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[vers 2815]
LE LIVRE

ment, je ne cuide mie que vous le reſſongniez plus de moy ; car j’en ay tant de penſées, que en l’eure qu’il m’en ſouvient, je ne puis bien avoir, & ſoubaite bien ſouvent que je peuſſe eſtre voſtre chapelain ou voſtre clerc, pour tousjours eſtre en voſtre compagnie. À Dieu ! mon tres-dous cuer, qui vous doinſt ſanté & pais & joie de quanque vous deſirés.

Voſtre loyal ami.


Ainſi ma dame s’en ala,
Et, la journée, je vins là,
Dont elle s’eſtoit departie.
S’os des griés penſers ma partie ;
Car j’atendi .ii. jours ou trois,
Melencolieus & deſtrois.
Et de ce pas ne me merveil,
Car ſon dous vis blanc & vermeil,
M’avoit là seulement mené :
Car je n’avoie à homme né
Riens à faire n’a marchander,
Fors, ſans plus, pour moy eſchauder
Au feu qui eſprent maint muſart ;
Et qui plus en eſt près, plus art.
Ne penſés pas que je vous die
Que j’en rien tiengne à muſardie,
Se j’aim ma douce dame gente ;
Car ce ne ſu onques m’entente :
N’onques mais li grant bien ne fis
Ne tele honeur, j’en fuis tous fis,
Com de li amer entreprendre,[1]
Si que nuls ne m’en doit reprendre.

  1. Comme d’entreprendre de l’aimer.