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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/175

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DU VOIR-DIT.

Finalement, elle revint,
Mais j’eus des penſers plus de vint,
Par quel voie, ne par quel tour
Je verroie ſon cointe atour.
Car vers li envoier n’oſoie,
Et auſſi je ne congnoiſſoie
En ſon hoſtel homme ne fame
Qui ſcéuſt l’amoureuſe flame
Dont mes cuers eſt bruys & tains,
Et mors, s’il n’eſt par elle eſtains.
Si me mis à une feneſtre
Véant à deſtre & à ſeneſtre ;
Et pris forment à colier,
S’elle me vorroit envoier,
Celeément aucun meſſage,
Ou clerc, ou femme, ou preſtre, ou page.
Si fui longuement en ce point,
Que de meſſage ne vi point.
Lors appellay mon ſecretaire,
Et li dis : « Je ne me puis taire ;
« Je croy que je ſoie en oubli
« De la belle qu’onques n’oubli.
« Pren dou papier, je vueil eſcrire. »
Et il le fiſt ſans contredire,
Si qu’en ſouſpirant court & brief,
Je li fis eſcrire ce brief.
Mes ſecretaires li porta
Et aſſés toſt me raporta
Que la Tres-belle m’atendoit
Et qu’elle par li me mandoit
Que plus illec ne demouraſſe,
Et d’aler vers li me haſtaſſe.
Car elle eſtoit toute ſeulette