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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/191

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DU VOIR-DIT.

Seulement plus pour le bien d’elles,
Qu’on ne fait pour nulle autre choſe
Qui ſoit, dehors ou ens, encloſe.

En monde n’a ſi bel deſtrier,
Soiés ſus, le piet en l’eſtrier,
Et le ferez des eſperons,
(Au mains nous ainſi l’eſperons,)
Que s’il ha mauvaiſe maniere,
Que s’il vuet reculer arriere,
Ou s’il ſe couche ou s’il ſe cabre
Ainſi com cils qui fait la cabre,[1]
Ou s’il fiert & regibe, ou mort,
N’avant n’iroit .i. pas, pour mort,[2]
Qu’on ne die : il eſt trop mauvais,
Donnés-le aus meſeaus de Biauvais.[3]

Ne il n’eſt chevaliers tant biaus,
Ne qui tant face de cembiaus,
Tant ſoit jolis ou biaus ou cointes,
Et de toutes dames acointes,
Que s’il s’en fuit d’une bataille
Où il eſt, tels qu’adès s’en aille,
Qu’on le doie amer ne priſier ;
Ains le doit chaſcuns deſpriſier.
Et s’il eſt aucuns qui le priſe,
En li priſant il ſe deſpriſe ;
Car on ſe doit de telz gens taire
S’on ne vuelt leurs deffaus retraire.

  1. La chèvre. En latin : capra ; en eſpagnol : cabra. Cabri ſe dit encore en Champagne.
  2. Et n’avanceroit d’un pas en dépit du mors.
  3. Aux lépreux.