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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/358

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[vers 7493]
LE LIVRE

Car autrement il ſe téuſſent.
Si, fui bleciez en l’eſperit,
Si qu’en mon cuer joie en perit,
Et prins ſi grant merencolie
C’onques puis ne fis chiere lie.

Touteſvoies, finablement
Je dis : « Sire, certeinnement,
« Vous m’avez dit une nouvelle
« Qui ma grant douleur renouvelle ;
« Secretement la porteray,
« Et petit ſemblant en feray,
« Juſqu’àtant que ſoie enformez
« S’il eſt voirs ce que dit m’avez.[1]
« Sire, comment que bien vous croie,
« Et que ſéurs & certeins ſoie
« Que vous ne le diriez jamais,
« Se ce n’eſtoit vérité ; mais
« Il eſt bon que je ſace à point
« Ce que j’en feray, & par point.
« Car mauvaiſe haſte n’eſt preus,
« N’onques n’en vint honneur ne preus. »
Il diſt : « N’en voulez-vous plus faire ? »
Et je dis : « Oïl, car retraire
« M’en vueil, ſe je puis nullement,
« Mais n’iert pas ſi ſoudainement.
« Car les mutacions ſoudaines
« Sont perilleuſes & grevaines.
« Par franchiſe & par amiſté
« M’a .ii. fois de mort reſpité ;
« S’aroie cuer villain & rude,

  1. Var. Mieus de ce dont vous m’enfourmés.