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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/388

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[vers 8196]
LE LIVRE

Et puis je penſay longuement,
Et avoie moult grant merveille
Du Corbel & de la Corneille
Que Phebus & Pallas haïrent,
Pour ce que verité leur dirent.
Et quant leur parler recorday,
De Morphéus bien m’accorday,
Que cils eſt fols qui fait meſſage
Dont on a courrous ou damage,
Eſpeciaument en amours.
Car nuls n’eſt ſi parfais en mours,
S’il eſt poins d’amoureuſe lance,
Qu’il n’ait courrous ou deſplaiſance,
S’en li rapporte de ſa dame
Choſe qui puiſt tourner à blaſme.
Si ne vous devez merveillier,
Se penſer, muſer & veillier,
Plourer, ſouſpirer & gemir
Me convenoit, & pou dormir,
Quant on me rapportoit nouvelle
Qu’avoie perdu Toute-belle.
Par icellui Dieu qui me fiſt,
Cuer avoie ſi deſconfiſt,
Et ſi fort ſe deſconfortoit,
Qu’à pou qu’en .ii. pars ne partoit.
Lors maudi Amours & Fortune
Qui ſi mortelment me fortune,
Et ſi m’avoit promis en don
Plus de cent fois, en .i. randon,
Que jamais ne m’oblieroit
Toute-belle, & ne changeroit.
Mais pas ne m’a tenu convent,
Car ſa convenance eſt tout vent ;