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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/69

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DU VOIR-DIT.

C’eſt bien raiſon qu’au faire entende,[1]
Et que ſon dous plaiſir je face,
Pour l’amour de ſa douce face.
Je ne ſay qui en parlera,
Mais, pour ce, autrement ne ſera ;
Ains ſera tout à l’ordenance
De celle en qui giſt m’eſperance.
Et s’aucunes choſes ſont dittes
Deux fois en ce livre, ou eſcriptes,
Mi ſeigneur, n’en aiez merveille,
Car celle pour qui Amours veille,
Vuet que je mete en ce Voir-dit
Tout ce qu’ay pour li fait & dit,
Et tout ce qu’elle a pour moy fait,
Sans riens celer qui face au fait.

Le Voir-dit vueil-je qu’on appelle
Ce traictié que je fais pour elle,
Pour ce que jà n’i mentiray.
Des autres choſes vous diray :[2]
Se diligemment les querés,
Sans faillir vous les trouverés,
Avecques les choſes notées
Et ès balades non chantées,
Dont j’ay mainte penſée éu
Que chaſcuns n’a mie ſcéu.

  1. Il eſt bien juſte que j’entende à le faire.
  2. C’eſt-à-dire : Je vous parlerai des autres œuvres, dont vous trouverez l’intention, ſi vous cherchez bien, dans maintes pièces notées & ballades non chantées : je les ai faites dans une même penſée qu’on n’a pas reconnue : en pareille matière, l’auteur doit donner le change.