Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/396

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une guerre aussi dangereuse. Pour achever de convaincre le lecteur, supposons qu’un ambassadeur de S. M. T. C. soit témoin, dans une cour étrangère, d’un de ces attentats, d’une de ces révolutions de palais où la morale a beaucoup à gémir ; supposons encore que le roi de France soit dans une de ces positions qui lui fasse regarder la rupture de la paix comme un grand malheur, je le demande à tout homme raisonnable, cet ambassadeur se permettrait-il d’écrire une philippique ou une verrine sur l’événement dont il aurait été témoin, et, par une affectation de vertu intempestive, irait-il compromettre les intérêts de son roi, et appeler la guerre sur sa patrie ? Non, sans doute, il écrirait comme a fait Machiavel, gardant son horreur in petto, et sachant bien que les auteurs d’un pareil attentat ne seraient pas gens à respecter les dépêches d’un ambassadeur. C’est ainsi qu’une observation, dictée par le sens, fait crouler tout l’échafaudage d’une vaine déclamation qui, pour être fort éloquente, n’en est pas moins une sottise en politique. »