Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/398

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Ils résolurent unanimement de ne point abandonner les Bentivogli, et de tâcher de gagner les Florentins : ils envoyèrent dans ces deux villes des hommes de confiance, promettant aux uns leur appui, et engageant les autres à s’unir à eux contre l’ennemi commun.

Toute l’Italie fut bientôt instruite de cette assemblée ; les peuples qui n’obéissaient qu’avec regret au duc, et particulièrement les habitants d’Urbin, conçurent l’espérance d’obtenir un changement à leur sort.

Au milieu de ces incertitudes, quelques habitants de la ville d’Urbin formèrent le projet de s’emparer de la citadelle de San-Leo, où le duc avait garnison. On saisit l’occasion suivante : le gouverneur faisait travailler à fortifier le château ; comme on y transportait des bois de charpente, les conjurés se mirent en embuscade, et prenant le moment où le pont était embarrassé par les poutres qu’on apportait, et où le garde intérieure ne pouvait le lever, ils s’élancèrent sur le pont, et pénétrèrent à l’instant dans le château. À la nouvelle de cette prise, tout le pays se souleva : on rappela l’ancien souverain, et les espérances des habitants se fondèrent encore moins sur la possession de cette forteresse, que sur les résolutions de la diète de Magione, par laquelle ils comptaient devoir être appuyés.

Les membres de la diète n’eurent pas plutôt appris la révolte d’Urbin, qu’ils sentirent qu’ils n’avaient pas un moment à perdre : ils rassemblèrent soudain leurs troupes pour s’emparer de toutes les places de ce pays qui seraient encore au pouvoir du duc ; ils envoyèrent de nouveaux députés à Florence pour presser la république de se joindre à eux, et d’unir ses efforts aux leurs pour éteindre l’incendie qui les menaçait tous. Ils lui exposèrent que le succès n’était pas douteux, et que jamais une semblable occasion ne se représenterait si on la laissait échapper.

Mais les Florentins, retenus par la haine que divers motifs leur avaient fait concevoir contre les Vitelli et les Orsini, loin d’adhérer à leur demande, envoyèrent Nico