Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/399

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las Machiavel, secrétaire de la république, pour offrir au duc un asile et des secours contre ses nouveaux ennemis. Il le trouva tout effrayé dans Imola. Ses propres troupes, au moment où il s’y attendait le moins, s’étaient tout à coup tournées contre lui, et à l’approche d’une guerre imminente il se trouvait totalement désarmé.

Les offres des Florentins lui rendirent toute son audace : il résolut de traîner la guerre en longueur, en combattant avec le peu de soldats qui lui étaient restés fidèles, et en négociant, et de chercher à se procurer des secours ; ce qu’il fit de deux manières : il envoya demander des troupes au roi de France, engagea tout homme d’armes ou tout individu faisant le métier de cavalier, qui voudrait entrer à son service, et eut soin de les payer exactement.

Malgré tous ces préparatifs, les ennemis s’avancèrent et se portèrent sur Fossombrone, où une partie de l’armée du duc s’était retranchée. Elle fut mise en déroute par les Vitelli et les Orsini. Cet événement décida le duc à recourir exclusivement à la voie des négociations, et à voir s’il parviendrait par ce moyen à étouffer les complots dirigés contre lui. Profond dans l’art de dissimuler, il ne négligea rien pour convaincre ses ennemis qu’ils avaient pris les armes contre un homme qui n’avait des conquêtes que pour leur propre avantage, dont l’unique ambition était d’acquérir le titre de prince, mais qui voulait que la principauté lui restât en effet. Il sut si bien les séduire, qu’ils envoyèrent vers lui le seigneur Pagolo pour traiter de la paix, et, en attendant, ils posèrent les armes.

Le duc, de son côté, ne cessa pas un seul instant ses préparatifs. Il avait soin d’augmenter sa cavalerie et son infanterie ; et, pour que ces précautions frappassent moins les yeux, il envoya ses troupes, par divisions séparées, en divers endroits de la Romagne. Il avait déjà reçu en outre cinq cents lances françaises ; et quoique ses forces fussent assez considérables pour pouvoir se venger de ses ennemis par une guerre ouverte, il pensa