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Appendice

Castruccio Castracani, gentilhomme lucquois, de la famille des Antelminelli, attaché au parti gibelin, fut obligé de s’exiler de Lucques avec son père, l’an 1300, lorsque le parti des Noirs, ou des Guelfes exagérés, eut le dessus dans sa patrie. Il avait alors dix-neuf ans ; c’est à cet âge qu’il perdit son père et sa mère à Ancône, où il s’était retire. Se trouvant orphelin, il se voua aux armes, et il erra longtemps de pays en pays pour chercher du service. Il fit la guerre en France et en Angleterre, mais surtout en Lombardie, où le parti auquel il était attache avait le dessus, et où sa liaison personnelle avec les Visconti de Milan, les la Scala de Vérone et les Bonacossi de Mantoue, pouvait lui être utile pour le rétablir dans sa patrie. Pendant qu’il était en Lombardie, les Lucquois, attaqués vivement par les Pisans, consentirent, pour acheter la paix, à rappeler leurs exilés. Les émigrés gibelins, en rentrant à Lucques, choisirent Castruccio pour leur chef ses succès militaires lui méritèrent cet honneur. À peine rentré dans sa patrie, il voulut se venger de ceux qui l’en avaient si longtemps exilé ; il les attaqua le 14 juin 1314. Mais, tandis qu’il combattait contre eux, Uguccione de la Faggiuola, seigneur de Pise, dont il avait demande le secours, entra dans Lucques sans rencontrer de résistance ; il livra cette ville au pillage, et s’en attribua la souveraineté, courbant sous le même joug les Guelfes, ses ennemis, et les Gibeline qui l’avaient appelé. L’esprit de parti semblait à cette époque plus fort que l’amour de la patrie, ou que l’ambition même. Castruccio seconda vaillamment Uguccione le premier capitaine du parti gibelin, dans ses guerres contre les Guelfes, il contribua surtout à la victoire que ce général remporta sur les Florentins à Montecatini, le 29 août 1315, et il augmenta ainsi le crédit qu’il avait déjà dans son parti Neri, fils d’Uguccione, qui commandait pour son père à Lucques, conçut de la méfiance d’une si grande popularité, et il fit arrêter Castruccio en 1316 ; il voulait même le mener au supplice, mais avant de le faire il pria son père de venir l’appuyer avec un parti de cavalerie. Les Lucquois prirent les armes avant qu’Uguccione fût rentre dans leur ville, en même temps les Pisans se révoltèrent dès qu’ils le virent sorti de la leur. Les premiers forcèrent Neri à leur rendre Castruccio. Il avait encore les fers aux pieds et aux mains : ces fers