Page:Machiavel commenté par Napoléon Buonaparte.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vij
de l’Éditeur.

rachetés en quelque sorte par des notes où il a rapproché des maximes de son auteur celles qu’il avoit trouvées en conformité avec elles dans les écrits de Tacite, Salluste, Plutarque, etc.

La traduction de Guiraudet manque de cette compensation ; et l’on y voit encore moins que dans l’autre cette expression entière de tout ce que le texte renferme. Souvent le traducteur a dénaturé et affoibli ce qui se trouve marqué au coin de la probité et de la morale dans les sentimens de l’auteur[1]. Il est vrai que cette traduction est

    che egli vi ha acquislato. Amelot s’est contenté de dire : « Aussitôt qu’un étranger puissant entre dans une province, tous ceux de la province, qui sont moins puissans, s’unissent volontiers avec lui par un motif de haine contre celui qui étoit plus puissant qu’eux » ; et le reste de la phrase est supprimé par le traducteur.
    Le second reproche n’a besoin, pour être justifié, que de ces mots. « Jules, avec son humeur féroce et impétueuse », par lesquels Amelot ajoute une épithète odieuse au texte, ainsi conçu : Giulio con la sua mossa impetuosa. On le voit d’ailleurs traduire, dans tous les cas, le mot spegnere, par exterminer, assassiner, lorsque souvent il ne signifie que faire disparoître, éteindre, disperser.

  1. Dès le commencement du fameux chapitre XVIII, qui traite de la mauvaise foi, la traduction Guiraudet écarte presqu’entièrement la précaution de probité avec laquelle Machiavel était entré en matière. Il avoit débuté par dire avec une exclamation d’enthousiasme pour la bonne foi et la vertu : Quanta sia laudabile in un Principe