NOTE relative à Barnabô Visconti, souverain de Milan, au 14e siècle (Voy. ci-devant pag. 228).
Machiavel était trop instruit et trop clairvoyant, pour s’être
laissé tromper sur le compte de Barnabô, par le mal qu’en avaient
dit les adulateurs du Prince qui l’avait détrôné, comme il arrive
toujours, en de pareilles circonstances. C’était ainsi qu’en France le
flatteur de Charlemagne, ce moine Eginard qu’il combla de présens,
et à qui il donna sa fille en mariage, avait accrédité pour masquer
le crime de l’usurpation de Pépin, la fausse opinion que Childéric
III, et les autres derniers rois de la première race n’étaient que des
fainéans, indignes de régner. De même que celui-ci, après avoir
été détrôné, avait été enfermé par l’usurpateur, père de Charlemagne,
dans un cloître où il ne tarda pas à périr ; Barnabô surpris
par une trahison de son neveu Jean Galéas, en 1385, sous le masque
de la dévotion, s’était emparé de sa personne, de ses états,
et l’avait fait jeter dans le château de Trezzo, où peu de temps après
il mourut empoisonné. Ce Jean Galéas, qui se mit aussitôt à éblouir
las Milanais, par la fondation de leur vaste et fameuse église cathédrale,
et auquel les écrivains de son temps s’empressèrent de dresser
une généalogie qui le faisait descendre d’Anglus, fils ou petit-fils
d’Enée, n’en manqua pas non plus qui, pour l’exalter davantage,
se mirent à décrier Barnabô.
Celui-ci était à la vérité, dur et brutal, mais ami de la justice, et doué de la fermeté qui était nécessaire alors pour gouverner les hommes. On peut en juger par ses institutions qui, dans le fait, comme le dit Machiavel, furent remarquables par leur originalité. Voyant que beaucoup de débiteurs, les uns par mauvaise foi, les autres par dérangement de fortune, ne payaient point leurs dettes, il fonda une maison de force où il les fit enfermer, en don-