Page:Mackintosh, Apologie de la Révolution française, 1792.djvu/160

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de la fausseté la plus audacieuse. Faisons une estimation, dont le plus effronté des écrivains, aux gages de Calonne, auroit honte. Supposons, pour un moment, que, dans le cours de la révolution, il soit péri 20,000 hommes. En comparant même cette perte avec les événemens semblables dans l’histoire, y a-t-il quelque chose qui puisse faire reculer une humanité mâle et éclairée ? Peut-elle être comparée au carnage qui a établi la liberté américaine, ou avec les suites de la révolution anglaise ? Mais cette comparaison ne rend pas justice à l’argument. Il faut la comparer avec cette effusion de sang occasionnée par les guerres ordinaires, dont l’objet étoit souvent quelque poursuite ignoble et pernicieuse. Il faut la comparer avec le sang que répandit l’Angleterre dans sa tentative de subjuguer l’Amérique ; et si tel est le crime des révolutionnaires de France, pour avoir, au risque de cette perte, combattu pour l’établissement de la liberté, quelle nouvelle épithete injurieuse accorderons-nous au ministre d’Angleterre, qui, avec la certitude d’une perte bien plus considérable, tenta l’établissement de la tyrannie.