Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/54

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souffle créateur nourrit d’un feu divin Et la terre, et le ciel, et la plaine liquide, Et les globes brillants suspendus dans le vide.</poem>

Il substitue ici le mot souffle au mot âme, comme ailleurs il substitue le mot âme au mot souffle :

L’âme de mes soufflets et les feux de Lemnos.

C’est en parlant de l’âme du monde, dont il célèbre la puissance, qu’il dit :

Et cette intelligence, échauffant ces grands corps, etc. Il ajoute, pour prouver qu’elle est la source de tout ce qui existe :

D’hommes et d’animaux elle peuple le monde, etc.

Sa vigueur créatrice, dit-il, est toujours la même ; mais l’éclat de ses rayons s’amortit,

Quand ils sont enfermés dans la prison grossière D’un corps faible et rampant, promis à la poussière.

Puisque, dans cette hypothèse, l’intelligence est née du Dieu suprême, et que l’âme est née de l’intelligence ; que c’est l’âme qui crée et qui remplit des principes de vie tout ce qui se trouve placé après elle ; que son éclat lumineux brille partout, et qu’il est réfléchi par tous les êtres, de même qu’un seul visage semble se multiplier mille fois dans une foule de miroirs rangés exprès pour en répéter l’image ; puisque tout se suit par une chaîne non interrompue d’êtres qui vont en se dégradant jusqu’au dernier chaînon, l’esprit observateur doit voir qu’à partir du Dieu suprême, jusqu’au limon le plus bas et le plus grossier, tout se tient, s’unit et s’embrasse par des liens mutuels et indissolubles. C’est là cette fameuse chaîne d’Homère par laquelle l’Éternel a joint le ciel à la terre. Il résulte de ce qu’on vient de lire, que l’homme est le seul être sur la terre qui ait des rapports avec le ciel et les astres ; c’est ce qui fait dire à Paulus : « Leur âme est une émanation de ces feux éternels que vous nommez constellations, étoiles. » Cette manière de parler ne signifie pas que nous sommes animés par ces feux ; car, bien qu’éternels et divins, ils n’en sont pas moins des corps ; et des corps, si divins qu’ils soient, ne peuvent animer d’autres corps. Il faut donc entendre par là que nous avons reçu en partage une portion de cette même âme ou intelligence qui donne le mouvement à ces substances divines ; et ce qui le prouve, c’est qu’après ces mots, « Leur âme est une émanation de ces feux éternels crue vous nommez constellations, étoiles, » il ajoute, « et qui sont animés par des esprits divins. » On ne peut maintenant s’y tromper ; il est clair que les feux éternels sont les corps, que les esprits divins sont les âmes des planètes et des astres, et que la portion intelligente accordée à l’homme est une émanation de ces esprits divins.

Nous croyons devoir terminer cet examen de la nature de l’âme par l’exposition des sentiments des philosophes qui ont traité ces sujets. Selon Platon, c’est une essence se mouvant de soi-même, et, selon Xénocrate, un nombre mobile ; Aristote l’appelle entéléchie ; Pythagore et Philolaüs la nomment harmonie : c’est une idée, selon Posidonius ; Asclépiade dit que l’âme est un exercice bien réglé des sens ; Hippocrate la regarde comme un esprit subtil épandu dans tout le corps ; l’âme, dit Héraclide de Pont, est un rayon de lumière ; c’est, dit Héraclite le physicien, une parcelle de la substance des astres ; Zénon la croit de l’éther condensé ; et Démocrite, un esprit imprégné d’atomes, et doué d’assez de mobilité