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DESCRIPTION DE LA TERRE, PAR POMPONIUS MÉLA.


LIVRE I.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Je veux faire la description de la terre, ouvrage plein de difficultés, et d’autant moins susceptible des ornements du discours, qu’il n’est, pour ainsi dire, qu’une sèche nomenclature de peuples et de pays, et que la nécessité de parcourir avec méthode toutes les parties assez compliquées de ce vaste ensemble ajoute à la longueur plus qu’à l’agrément du travail. Quoi qu’il en soit, un tel sujet est vraiment digne de notre étude et bien capable de dédommager des efforts que cette étude peut coûter, sinon par le talent de celui qui se propose de le traiter, du moins par l’intérêt qui lui est propre. Avant de me livrer à des recherches plus étendues et plus détaillées, j’exposerai d’abord très-succinctement ce qu’il y a de plus important à connaître. Je parlerai donc avant tout de la forme de la terre de celle de chacune de ses grandes divisions, et des différents peuples qui les habitent : revenant ensuite sur mes pas, je ferai successivement la description de toutes les côtes, soit dans l’intérieur des continents, autour des mers méditerranées et des golfes soit au dehors des terres sur ce vaste contour que baigne l’Océan. A ce tableau j’ajouterai les traits les plus remarquables dans la nature des climats et des peuples. Mais, pour donner au lecteur les moyens de me suivre et de m’entendre plus facilement je vais reprendre les choses d’un peu plus haut.

CHAP. I. — Division du monde en quatre parties (1).

Ce grand tout, quel qu’il soit, que nous appelons Monde et Ciel, est un tout unique, embrassant avec lui tous les êtres dans un même contour. Il a pourtant des régions distinctes : le côté du ciel où le soleil se lève se nomme Orient ou Levant ; celui où il se couche, Occident ou Couchant ; le point le plus haut qu’il atteint dans sa course diurne indique le Midi ; le point opposé s’appelle Septentrion. La terre, élevée au centre de ce grand univers, est environnée de tous côtés par la mer, qui la coupe aussi du levant au couchant, et la divise en deux parties appelées hémisphères, dans les quelles on distingue cinq zones[1]. Celle du milieu est brûlée par une chaleur dévorante, tandis que celles qui sont aux extrémités éprouvent les rigueurs d’un froid excessif ; les deux autres sont habitables, et ont les mêmes saisons, mais dans des temps opposés. Habitants d’un hémisphère, nous avons nos antipodes (2) dans l’autre ; mais celui-là[2] nous étant inconnu à cause de l’extrême chaleur du climat qui nous en sépare, je ne m’occuperai que de celui-ci.

(I) Ce chiffre et les suivants renvoient aux notes supplémentaire à la un de l’ouvrage.

(a) — (b)

  1. Voyez planche i, figures 1 et 2.
  2. Voyez planche i, figure 2.