Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/65

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d’obéir à l’impulsion générale, comme eux elles ont un mouvement de rétrogradation vers les signes qui les suivent.

Chap. XIX. De l’opinion de Platon et de celle de Cicéron sur le rang qu’occupe le soleil parmi les corps errants. De la nécessité où se trouve la lune d’emprunter sa lumière du soleil, en sorte qu’elle éclaire, mais n’échauffe pas. De la raison pour laquelle on dit que le soleil n’est pas positivement au centre, mais presque au centre des planètes. Origine des noms des étoiles. Pourquoi il y a des planètes qui nous sont contraires, et d’autres favorables.

La rétrogradation des sphères mobiles démontrée, nous allons à présent exposer en peu de mots l’ordre selon lequel elles sont rangées. Ici l’opinion de Cicéron semble différer de celle de Platon, puisque le premier donne au soleil la quatrième place, c’est-à-dire qu’il lui fait occuper le centre des sept étoiles mobiles ; tandis que le second le met immédiatement au-dessus de la lune, c’est-à-dire au sixième rang en descendant. Cicéron a pour lui les calculs d’Archimède et des astronomes chaldéens ; le sentiment de Platon est celui des prêtres égyptiens, à qui nous devons toutes nos connaissances philosophiques. Selon eux, le soleil est entre la lune et Mercure ; mais comme ils ont senti qu’ainsi placé il pourrait paraître au-dessus de Mercure et de Vénus, ils ont indiqué la cause de cette apparence, qui est une réalité pour certaines personnes ; et nous allons voir que cette dernière opinion n’est pas dénuée de vraisemblance. Voici ce qui l’a fait naître.

La distance qui sépare la sphère de Saturne, la plus élevée de toutes, de celle de Jupiter, qui est au-dessous de lui, est si grande, que le premier emploie trente ans à faire sa révolution dans le zodiaque, pendant que le second n’en emploie que douze. Après la sphère de Jupiter vient celle de Mars, qui achève en deux ans sa visite des douze signes, tant est grand l’intervalle qui l’éloigné de Jupiter ; Vénus, placée au-dessous de Mars, est assez éloignée de lui pour la terminer en un an. Or, Mercure est si près de Vénus, et le soleil est si peu éloigné de Mercure, que cette période d’une année, ou à peu près, est la même pour ces trois astres. Cicéron a donc eu raison de donner pour escorte au soleil deux planètes qui, pendant une mesure de temps toujours la même, ne s’éloignent jamais beaucoup l’une de l’autre. À l’égard de la lune, qui occupe la région la plus basse, sa distance des trois sphères dont nous venons de parler est telle, qu’elle effectue en vingt-huit jours la même course que celles-ci n’accomplissent qu’en un an. L’antiquité a été parfaitement d’accord sur le rang des trois planètes supérieures, et sur celui de la lune. La prodigieuse distance qu’observent entre elles les trois premières, et le grand éloignement où la dernière se trouve des autres corps errants, ne permettaient pas qu’on pût s’y tromper ; mais Vénus, Mercure et le soleil sont tellement rapprochés, que leur situation réciproque ne put être aussi facilement déterminée, si ce n’est par les Égyptiens, trop habiles pour n’avoir pas trouvé le nœud de la difficulté. Voici en quoi elle consiste : l’orbite du soleil est placée au-dessous de celle de Mercure, et celle-ci a au-dessus d’elle l’orbite de Vénus ; d’où il suit que ces deux planètes paraissent tantôt au-dessus, tantôt au-dessous du soleil,