Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/66

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selon qu’elles occupent la partie supérieure ou inférieure de la ligne qu’elles doivent décrire. C’est dans cette dernière circonstance, bien remarquable, parce qu’alors elles ont plus d’éclat, que ces étoiles ont été observées par ceux qui les placent au-dessous du soleil. Et voilà ce qui a mis en crédit cette dernière opinion, adoptée presque généralement.

Cependant le sentiment des Égyptiens est plus satisfaisant pour ceux qui ne se contentent pas des apparences ; il est appuyé, comme l’autre, du témoignage de la vue, et, de plus, il rend raison de la clarté de la lune, corps opaque qui doit nécessairement avoir au-dessus de lui la source dont il emprunte son éclat. Ce système sert donc à démontrer que la lune ne brille pas de sa propre lumière, et que toutes les autres étoiles mobiles, situées au delà du soleil, ont la leur propre qu’elles doivent à la pureté de l’éther, qui communique à tous les corps répandus dans son sein la propriété d’éclairer par eux-mêmes. Cette lumière éthérée pèse de toute la masse de ses feux sur la sphère du soleil ; de manière que les zones du ciel éloignées de lui languissent sous un froid rigoureux et perpétuel, ainsi qu’on le verra sous peu. Mais la lune étant la seule des planètes qui soit au-dessous du soleil, et dans le voisinage d’une région qui n’est pas lumineuse par elle-même, et où tout est périssable, ne peut être éclairée que par l’astre du jour. On lui a donné le nom de terre éthérée, parce qu’elle occupe la partie la plus basse de l’éther, comme la terre occupe la partie la plus basse de l’univers. La lune n’a point cependant l’immobilité de la terre, parce que, dans une sphère en mouvement, le centre seul est immobile. Or, la terre est le centre de la sphère universelle ; elle doit donc seule être immobile. Ajoutons que la terre brille de l’éclat qu’elle reçoit du soleil, mais ne peut le renvoyer ; au lieu que la lune a la propriété du miroir, celle de réfléchir les rayons lumineux. La terre, en effet, est un composé des parties les plus grossières de l’air et de l’eau, substances concrètes et denses, et par conséquent imperméables à la lumière, qui ne peut agir qu’à leur surface. Il n’en est pas de même de la lune : elle est, à la vérité, sur les confins de la région supérieure ; mais cette région est celle du fluide igné le plus subtil. Ainsi, quoique les molécules lunaires soient plus compactes que celles des autres corps célestes, comme elles le sont beaucoup moins que celles de la terre, elles sont plus propres que ces dernières à recevoir et à renvoyer la lumière. La lune ne peut néanmoins nous transmettre la sensation de la chaleur ; cette prérogative n’appartient qu’aux rayons solaires, qui, arrivant immédiatement sur la terre, nous communiquent le feu dont se compose leur essence ; tandis que la lune, qui se laisse pénétrer par ces mêmes rayons dont elle tire son éclat, absorbe leur chaleur, et nous renvoie seulement leur lumière. Elle est à notre égard comme un miroir qui réfléchit la clarté d’un feu allumé à quelque distance : ce miroir offre bien l’image du feu, mais cette image est dénuée de toute chaleur. Le sentiment de Platon, ou plutôt des Égyptiens, relativement au rang qu’occupe le soleil, et celui qu’a adopté Cicéron en assignant à cet astre la quatrième place, sont maintenant suffisamment connus, ainsi que la cause qui a fait naître cette diversité dans leurs opinions. On sait aussi ce qui a engagé celui-ci à dire que « le dernier cercle est celui de la lune, qui reçoit sa lumière des rayons du soleil ; » mais nous avons encore