Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/67

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à nous rendre raison d’une expression de Cicéron : dans l’ordre des sphères mobiles, celle du soleil est, selon lui, la quatrième. Or, quatre est rigoureusement le nombre central entre sept et l’unité : pourquoi donc ne place-t-il pas le globe solaire juste au centre des sept autres, et pourquoi dit-il : « Ensuite, presque au centre de cette région, domine le soleil ? » Il est aisé de justifier cette manière de parler ; le soleil peut occuper, numériquement parlant, le quatrième rang parmi les planètes, sans être le point central de l’espace dans lequel elles se meuvent. Il a en effet trois de ces corps au-dessus de lui, et trois au-dessous ; mais, calcul fait de l’étendue qu’embrassent les sept sphères, la région de son mouvement n’en est pas le centre, car il est moins éloigné des trois étoiles inférieures qu’il ne l’est des trois supérieures. C’est ce que nous allons prouver clairement et succinctement.

Saturne, la plus élevée de ces sept étoiles, met trente ans à parcourir le zodiaque ; la lune, qui est la plus rabaissée vers la terre, achève sa course en moins d’un mois ; et le soleil, leur intermédiaire, emploie un an à décrire son orbite : ainsi le mouvement périodique de Saturne est à celui du soleil comme trente est à un, et celui du soleil est à celui de la lune comme douze est à un. On voit par là que le soleil n’est pas positivement au centre de l’espace dans lequel ces corps errants font leurs révolutions : mais il était question de sept sphères ; et, comme quatre est le terme moyen entre sept et un, Cicéron a pu faire du soleil le centre du système planétaire ; et parce qu’il ignore la distance relative des sept corps dont il s’agit, il modifie son expression au moyen du mot presque.

Observons ici qu’il n’existe pas dans la nature plus de planète de Saturne que de planète de Mars, ou de Jupiter ; ces noms, et tant d’autres, d’invention humaine, furent imaginés pour pouvoir compter et coordonner les corps célestes ; et ce qui prouve que ce sont des dénominations arbitraires dans lesquelles la nature n’est pour rien, c’est que l’aïeul de Scipion, au lieu de dire l’étoile de Saturne, de Jupiter, de Mars, etc., emploie ces expressions : « Le premier est appelé Saturne par les mortels, puis l’astre que vous nommez Jupiter, le terrible et sanglant météore de Mars, etc. » Quand il dit que l’astre de Jupiter est propice et bienfaisant au genre humain, que le météore de Mars est sanglant et terrible, il fait allusion à la blancheur éclatante de la première, et à la teinte roussâtre de la seconde, ainsi qu’à l’opinion de ceux qui pensent que ces planètes influent, soit en bien, soit en mal, sur le sort des hommes. Suivant eux, Mars présage généralement les plus grands malheurs, et Jupiter les événements les plus favorables.

Si l’on est curieux de connaître la cause qui a fait attribuer un caractère de malignité à des substances divines (telle est l’opinion qu’on a de Mars et de Saturne), et qui a mérité à Jupiter et à Vénus cette réputation de bénignité que leur ont donnée les professeurs de la science généthliaque, comme si la nature des êtres divins n’était pas homogène, je vais l’exposer telle qu’on la trouve dans le seul auteur que je sache avoir traité cette matière. Ce qu’on va lire est extrait des