Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus basse de la sphère universelle ; et elle devait occuper cette partie la plus basse, pour que tous les corps pussent graviter vers elle.

Analysons chacune de ces propriétés, dont la main de fer de la nécessité a formé un ensemble indestructible. Elle est immobile. En effet, elle est centre, et l’on a vu plus haut que dans tout corps sphérique le point central est fixe. Cela doit être, puisque c’est autour de ce point que se meut la sphère. Elle est abaissée. Rien de plus vrai ; car le centre d’un corps est également éloigné de ses extrémités. Or, dans une sphère, la partie la plus éloignée des extrémités en est aussi la partie la plus basse. Si donc la terre est la sphère la plus basse, il s’ensuit que Cicéron fait, avec raison, graviter tous les autres corps vers elle, puisque tous les graves tendent naturellement à descendre. C’est à cette propriété des graves que notre globe doit sa formation. Voici comment.

Dans l’origine des choses, les partie s de la matière les plus pures et les plus subtiles gagnèrent la plus haute région ; ce fut l’éther : celles d’un degré inférieur en pureté et en ténuité occupèrent la seconde région ; ce fut l’air. La matière offrait encore des molécules fluides, mais formant des globules susceptibles d’affecter le sens du toucher. Leur ensemble donna l’élément de l’eau ; il ne resta plus alors de cette masse tumultuairement agitée que ses parties les plus brutes, et en même temps les plus pesantes et les plus impénétrables. Ce sédiment des autres éléments resta au bas de la sphère du monde : ainsi relégué dans la dernière région, et trop éloigné du soleil pour n’être pas exposé aux rigueurs d’un froid continuel, ses particules se resserrèrent, s’agglomérèrent, et cette concrétion devint la terre. Un air épais, qui tient bien plus de la nature du froid terrestre que de celle de la chaleur solaire, l’enveloppe de toutes parts, et la maintient à sa place, en dirigeant sur elle ses exhalaisons denses et glaciales. Ainsi tout mouvement, soit direct, soit rétrograde, lui est interdit par cette atmosphère qui agit en tous sens avec une égale force ; elle est aussi contrainte au repos, parce que toutes ses parties pèsent vers son centre, qui, sans cette pression, se rapprocherait des extrémités, et ne serait plus alors également distant de tous les points de la circonférence.

C’est donc vers la plus abaissée des sphères, vers celle placée au milieu du monde, et qui, comme centre, est immobile, que doivent tendre tous les corps graves, puisque son assiette est le résultat de sa gravité.

Nous pouvons appuyer cette assertion d’une foule de preuves, parmi lesquelles nous choisirons la chute des pluies qui tombent sur la terre de tous les points de l’atmosphère. Elles ne se dirigent pas seulement vers la portion de surface que nous occupons, mais encore vers toutes les autres parties convexes tant de notre hémisphère que de l’hémisphère inférieur.

Si donc l’air condensé par les vapeurs froides de notre globe se forme en nuages et se dissout en pluies, et si ce fluide, comme on n’en peut douter, nous enveloppe de tous côtés, il est incontestable que le liquide doit s’échapper de toutes parts (j’en excepte la zone torride), et se porter vers la terre, seul point de tendance des corps pesants. Il ne reste, à ceux qui rejetteraient avec dédain notre proposition, d’autre parti à prendre que celui de faire tomber sur la voûte céleste toute la pluie,