Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/105

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Senèque qui a esté depuis imprimée, premièrement à Genève, puis à Paris et en plusieurs autres lieux, et traduit presques en toutes langues, et fort bien receu de tous tant d’une que d’autre religion.

A la fin du mois d’aoust, on eut advertissement certain à Sedan d’une levée de Reistres conduite par monsr de Thoré[1] pour entrer en France au secours de monseigneur le Duc[2] ; monsieur du Plessis, qui estoit demeuré exprès pour servir à la première occasion, se délibère d’y aller. Auparavant son partement, nous nous promismes mariage en la présence de monsieur de Lizi, monsr d’Heudreville, messieurs de Luynes, conseiller de Parlement, et du Pin, depuis secrétaire d’Estat de Navarre, et aujourd’huy intendant des finances de France, et eux et nous signasmes le tout.

Ainsy il partit de Sedan et firent leur premier logis au bourg de Buzancy où ilz se mirent pour recueillir leurs trouppes, et furent tousjours en ce voyage ensemble feu monsieur de Mouy et luy et ne faisans qu’un logis, car, oultre qu’ilz estoient proches parens et grans amys, ilz avoyent eu plusieurs entreprizes à communs fraiz, durant le dit séjour de Sedan, sur quelques places pour favoriser la venue de ceste armée ; auxquelles entreprises ilz avoient beaucoup despendu ; et je luy ay souvent ouy dire qu’elles furent perdues par personnes qui ne vouloient qu’avoir la réputation d’entreprendre sans vouloir venir à l’effect.

  1. Guillaume de Montmorency, cinquième fils élu Connétable.
  2. Le duc d’Alençon, brouillé avec son frère Henri III, se servait contre lui du parti protestant ; il ne parvint à s’échapper de la cour que le 13 septembre 1575.