Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/106

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Ilz pouvoient estre cinq cens harquebuziers et cinquante gentilzhommes, et pour y tenir ordre fust nommé M. d’Espau pour chef, et messieurs de Mouy et du Plessis pour luy assister. Ilz tirèrent par le païs Messin et la Lorraine, et passèrent plusieurs rivières, toujours costoyans l’armée de monsieur de Guise à quattre ou cinq lieues près, dont une partie de leurs gens de pied s’escartèrent, et fut proposé par quelques uns de se rompre et tirer arrière. Touteffois leur résolution fut suivye et vinrent jusqu’à l’entrée d’Allemaigne sans dommage, mais avec beaucoup d’alarmes et de peur ; où arrivez et ne trouvant nouvelles de monsr de Thoré au lieu où ilz dévoient trouver, avoient pris résolution d’envoier vers le conte de Nassau pour estre receus en ses terres, vivans à leurs despens, payant celuy qui avoit de l’argent pour qui n’en auroit point ; et estoit nommé M. du Plessis pour aller porter ceste parole au dit Seigneur conte lorsque luy parut partie de la trouppe de monsieur de Clervant de laquelle il prit langue et sceut que l’armée estoit prochaine, qu’ilz joignirent le lendemain avec grant ioye ; et n’est à oublier ce que je luy ay ouy souvent dire que, ce mesme soir qu’ilz eurent ceste nouvelle, se vit au ciel un combat comme de lances de feu qui dura plus de deux heures, auquel chacun avoit les yeux arrestés, et non sans en prendre mauvois augure que monsieur du Plessis taschoit de destourner par causes naturelles. Estantz donq jointz avec M. de Thoré, ilz entrent en France et passent la Meuze, prenans leur chemin droit à Attigny, village assis sur la rivière d’Ayne, où ilz séjournèrent quelques jours tant qu’ilz donnèrent à monsr de