Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/126

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de messieurs de Foix et de la Noüe, divers de religion et unis en ceste recommendation dont le Roy de Navarre s’esbahissoit. Mais M. de Foix luy respondit en riant qu’il n’estoit pas inconvénient qu’ilz s’accordassent en une vérité sy manifeste. Il alla donc trouver le Roy de Navarre, à Agen où il fut quelques jours, et le retint à son service, et voulut que dès lors il assistast à son conseil et à ses affaires. La résolution des armes se prit lors pour s’opposer à ce qui fut délibéré à Blois et signifié au Roy de Navarre de la part du Roy, qu’il estoit résolu de n’endurer qu’une religion en France ; mais le Roy de Navarre renvoya M. du Plessis pour traicter avec M. de Montmorency[1] pour luy faire prendre les armes pour son party, dont il eust volonté et en feut sur le point, mais enfin s’excusa, voyant que le Roy se rendoit luy-mesmes chef de la Ligue, et considérant aussy l’indisposition de sa personne pour les travaux de la guerre, et parla secrettement à Chantilly avec luy, les chefz de la Ligue de Picardie et de l’Isle de France y estans. A son retour de Guascongne, il me trouva accouchée de notre fille aisnée qui fut appellée Marthe, et fut baptisée au Plessis où j’avois fait ma couche, et fut son parain M. de Sauseuse, personnage de grande et insigne piété et doctrine. Et est à noter que le mesme jour que j’estois en travail et accouchée, M. du Plessis en chemin pour s’en venir, il eut au cœur que j’estois en paine, et escrivit sur ses tablettes le jour que cela luy estoit avenu, qui estoit le 17e décembre 1576, de sorte qu’à son arrivée, sans avoir parlé

  1. Le maréchal de Montmorency, fils aîné du connétable