Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à personne, il nous dit le jour de mon accouchement qui se trouva estre le mesme.

Le temps s’eschauffant, il résolut de retourner trouver le Roy de Navarre, au travers de la France et de la guerre, passa au Chastelier en Touraine, chez M. de la Noüe qu’il trouva jà party ; mais bien y estoit encore madame de la Noüe, et s’y rencontra M. de Chassincourt, depuis agent vers le Roy pour les affaires de la Religion. De là, il escrivit une lettre à monseigneur qui estoit à Blois avec le Roy, luy remonstrant le tort qu’il se faisoit, se retranchant les espérances comme certaines qu’il avoit d’estre très-grand[1] en Angleterre, ès Païs bas et Allemaigne. Et furent monstrées les dittes lettres à la Royne mère qui en fut fort offensée. Les effectz s’en sont veus depuis ès difficultez que mon dit seigneur rencontra ès négociations estrangères qui lors luy estoient faciles. Et parce que madame de la Noüe désiroit aller trouver son mary, ilz partirent ensemble du Chastelier. La première journée vinrent à la Tricherie, en Chastellerault et Poictiers, où furent investis de la compaignie du viconte de la Guierche qui estoit à Chastellerault, mais sachant que c’estoit madame de la Noüe, pour la révérence du mary, il la fit laisser. Quelques-uns de la compaignie, qui se descouvrirent par leurs propos estre de la Rochelle ou des environs, furent menés à Blois, dont ilz sortirent avec pene. Luy fut relasché, encore qu’un palefrenier (qu’il avoit eu bien de la pene par les che-

  1. Le mariage du duc d’Alençon avec la reine Elisabeth avait été négocié à plusieurs reprises et presque convenu.