séjourna un jour, très-bien receu partout. La nuit suivante, les ennemis sur le point du jour, conduits par le viconte de Gand et la Motte, gouverneur de Gravelines, viennent présenter une escalade à la ville, à l’espaule d’un bastion où on travailloit, dont souvent M. du Plessis les avoit avertis avant son partement. Dieu les ayda de sorte qu’il en fut repoussé et continuèrent le lendemain leur voyage en Anvers. Courant à ceste alarme, seul et presque tout nud, il me ressouvient qu’il n’eut loisir que de commander à un des Estatz de Flandres, nommé Burgrave, député du Franc, qui lui vint rapporter nouvelle que l’ennemy avoit gaigné le bastion, ce qui touteffois estoit faux, de mander les régimens françois qui estoient logés à Audenarde, les Escossois à Menin, et aultres gens de guerre en divers lieux, et qu’il se falloit résoudre de donner bataille dans la ville, sy l’ennemy y estoit entré, plus tost que de la laisser perdre, aussy qu’il falloit rompre quelques pontz dedans la ville, pour avoir plus de loisir de la disputer, en attendant le secours qu’il mandoit ; et puis me dit que je me retirasses vers la porte d’Anvers avec mes enfans, parce que ce seroit le dernier lieu où il se rallieroit si on estoit forcé, ce que je fiz, et que je sauvasse son livre qui estoit lors bien avancé.
En ce temps, commença fort à s’eschauffer la négotiation de Monseigneur[1], prétendant premièrement au secours, puis à la protection, et finalement à la Seigneurie des Pays bas. Et les fondemens d’i-
- ↑ Le duc d’Alençon.