Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gouverneurs, et nombre de villes de seureté pour la seureté de la Religion[1]. De ces articles, qu’à la vérité M. de Villeroy estoit honteux de proposer, monsieur du Plessis se montra fort offensé et tout prest à rompre, protestant que c’estoit contrarier à ses ordinaires propos, que M. de Maine ne demandoit point de deschirer l’Estat, qu’il s’estoit assés veu d’hommes qui perdoient un bras pour sauver le corps, nul pour le perdre, et qu’ainsy ne seroit il pas peut estre hors de raison de conseiller au Roy de perdre la Bourgoigne, sy par là il avoit caution de sauver son Estat, et qu’en ce cas, il ne seroit pas des derniers à le dire ; mais que ce seroit tout évidemment le perdre sans resource, d’autant que ceste ouverture faicte, cinq ou six chefs qui estoient de ce party et ne reconnoissoient que fort peu M. de Maine, voudroient avoir leurs gouvernemens avec mesme prérogative. Viendroient à plus forte raison les Princes du sang qui ne voudroient pas avoir moins acquis en bien servant que les autres en faisant au pis, dont s’ensuyvroit enfin que l’Estat seroit déchiré, et n’y auroit rien en France moins Roy que le Roy mesmes. Quant à ce qu’il vouloit estre eslevé au dessus des autres, qu’après la grandeur qu’il demandoit en toutes sortes, c’estoit encor prendre plaisir à acquérir l’envie, ne pouvant par ces mots entendre qu’une mairie du Palais ou une lieutenance générale, trop suspectes pour les exemples des règnes passés et présens. Nonobstant, il ne pensa pas avoir peu faict de leur avoir ouvert le cœur, ju-

  1. Catholique.