Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/246

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ce traicté ; aucuns mesmes se confessèrent à luy d’avoir eu tout autre opinion auparavant, comme sy la Religion dont il faisoit profession la luy eust moins faict désirer, et furent tous ses envieux contrainctz de clorre la bouche, ou de l’ouvrir en autre langage qu’ilz ne souloyent[1]. Or, avoit il esté trouvé bon, pour disposer l’Italie et particulièrement Rome, que monsieur le cardinal de Gondi, et monsieur le marquis de Pisani s’y achemineroient : cestuy là soubs ombre de son obédience au nouveau Pape[2], Aldobrandini, Florentin de nation, cestuy cy sur le subject d’aller voir sa femme qu’il avoit épousée à Rome, de la maison de Savelli. L’un et l’autre à mesmes fin, mais par diverses procédures, à scavoir cestuy là parlant comme de soy, et comme serviteur et membre du Pape, selon la connoissance qu’il avoit de l’Estat du Royaume, et de ce qui estoit propre au siége de Rome ; cestuy ci y allant de la part des seigneurs catholiques et en leur nom, remonstrant le devoir où se mettoit le Roy, le tort qui luy estoit fait et ce qui estoit pour le bien du Royaume. Il fut donc trouvé bon, pour l’esclaircissement des intentions de S. M., que monsieur du Plessis conférast avec eux, qui fut cause qu’il vit par deux fois M. le cardinal de Gondi, à Noisy, allant et revenant pour les partages de la succession de feu ma mère en Brie, où ilz communicquèrent fort privéement de toutes choses ; le sommaire de ces propos fut qu’il avoit

  1. Qu’ils n’avoient coutume.
  2. Hippolyte Aldobrandini, fut Pape en 1592, sous le nom de Clément VIII.