Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/262

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et surtout de la noblesse de la Religion, mit en avant de dresser une Académie à Saumur, composée des gens doctes nécessaires et douée de revenu suffisant, dont il proposeroit les expédiens au Roy, à quoy, précipité pour le voyage de Quillebeuf, il n’auroit peu mettre à fin pour ce voyage.

Mais pour l’affermissement de l’Estat, considérant qu’il flottoit tousjours, tandis que le Roy n’avoit point d’enfans et qu’outre sa vie, on ne voyoit que des ténèbres et des confusions, il sollicita fort Sa Majesté de penser à se marier ou plus tost à se desmarier, afin d’estre libre de venir à mariage ; et par ce que beaucoup de difficultés s’y trouvoient, le divorce ne pouvant estre faict en l’Eglize Romaine sans blesser sa conscience, ny en la Réformée sans estre subject à dispute, ny en toutes les deux sans la tache infasme de l’adultère, il luy proposa l’unique expédient, qu’il approuva fort, de représenter à la Royne, sa prétendue femme, les tortz qu’elle luy avoit faict et la justice qu’il en pouvoit faire aux despens de sa vie et de son honneur, ce que touteffois par ceste seule considération qu’elle avoit esté nommée sa femme, il ne feroit qu’à l’extrémité. Pourtant que d’elle mesme, elle cerchast les voies de divorce, telles qu’elles pourroient luy estre ouvertes, et le procurast vers ceux qu’il appartiendroit, moyennant quoy, il luy laisseroit son apennages, l’asseureroit de sa vie, ne remueroit point son honneur, et la laisseroit le reste de ses jours en paix. Il lui présenta le maistre des Requestes Erard, très habile homme, qui avoit manié les affaires de la dite Dame, pour négotier vers elle de cest affaire, et l’expédient estoit