Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/275

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les hérétiques. Le duc de Maine mesmes, qui avoit promis de favoriser la légation pour parvenir du gré du Pape à une paix, avoit fait offices contraires, et l’Hespagnol n’y avoit espargné ny argent ny artifices. Le duc de Maine là dessus produit une déclaration sur la fin de laquelle il convioit les Seigneurs catholiques qui estoient près du Roy de conférer ensemble de la seureté de la religion catholique. Le Roy est conseillé de le prendre au mot, par un escript envoyé par un trompette, dont fut faict une introduction à une conférence près Paris[1], pour laquelle furent députées personnes notables de part et d’autre, non tant en espoir qu’une paix en sortist que parce que personne ne se vouloit charger du blasme d’avoir fuy les voies de la paix. Or estoit il dit qu’à ceste conférence nul de ceux qu’ilz blasonnent hérétiques n’y entreviendroit. Touteffois Sa Majesté, nonobstant les occupations qu’elle luy avoit laissées, pressa fort M. du Plessis de l’aller trouver, pour le servir en ceste occasion. Lequel ne vacilloit pas peu là dessus, craignant que ceste conference ne conclust à offrir la paix au Roy, moiennant qu’il fust catholique Romain, au refus de quoy esclatteroient les monopoles[2] de long temps brassez ; et en tout cas on prendroit plaisir de luy charger dessus l’envie

  1. La conférence s’ouvrit à Suresnes, le 29 avril 1593 ; une trêve de dix jours fut accordée, ce qui permit aux habitants de Paris de sortir un instant de leurs murailles. L’archevêque de Bourges portait la parole au nom du roi ; l’archevêque de Lyon, M. d’Espinac, au nom de la Ligue. La conférence resta sans résultat positif, mais on y sentit de toutes parts l’ardent désir de la paix.
  2. Les intrigues.