Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/308

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quelle tout le discours est amplement ès mémoires de monsieur du Plessis. Le sommaire fut que M. de Mercœur tesmoigna par toutes ses procédures avoir intention ou de rompre sur la Religion ou d’allonger le traicté, en espérance que le temps luy produist quelque avantage ; les longueurs furent mesnagées sur la délivrance de Heurtant, capitaine de Rochefort, qu’il vouloit mettre pour un préallable, et luy fut promis d’en moyenner vers le Roy l’eschange avec autres prisonniers, qui depuis fut effectué à la diligence de M. de la Rochepot ; mais l’artifice de rompre sur la Religion fut en ce qu’il demanda tousjours la seurté de la religion catholique Romaine avec exclusion de la Réformée. Sur quoy luy fut respondu qu’on estoit prest de le contenter sur la ditte seurté, pour le regard de toutes les places qu’il tenoit en Bretagne ; mais il s’obstina de vouloir traicter pour toute la province ; à quoy luy estant répliqué que ce seroit trop faire de tort à la plus saine partie qui avoit suivy son devoir et persisté avec beaucoup de raisons, fut le traicté séparé là dessus, sauf à se revoir au 15e Apvril, après que le tout seroit rapporté au Roy et au duc de Mercœur. Et par ainsy fut gaigné ce point de ne rompre point sur le faict odieux de la Religion, ains sur l’intérest favorable de la province de Bretagne et meilleure partie d’icelle. Durant ce séjour à Anceniz, monsieur du Plessis acheva sa méditation sur le Psaume li[1] qu’il fit particulièrement et en contemplation du Roy.

  1. Au contraire des deux manuscrits, l’édition de M. Auguis porte « le psaume VI. »