Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A pêne fut elle reprise qu’un nommé La Marque, dépendant du sieur de Goulenes, surprit le chasteau de la Grézille appartenant au conte de Crissay. Ceux de St Offenge n’y prenoient plaisir parce qu’ilz estoient mal avec le dit sieur de Goulènes auquel ilz ne vouloient déférer ; M. du Plessis pensoit aux moiens de ne les y laisser longuement ; mais les ditz de St Offenge l’envoyèrent prier de ne les investir point, promettans, par l’autorité de M. de Mercœur, de les faire sortir, mesmes par la force, sy besoin estoit et en faire justice, pourvu qu’il leur donnast sécurité de ne rien entreprendre contr’ eux, pendant qu’ilz en feroient leurz diligences, ce qu’il leur accorda pour un terme préfix, en dedans lequel ilz les mirent hors. Et en fut le négotiateur Launay, le maçon, leur parent. Ceste voye luy pleut parce qu’elle sauvoit le pays d’une grande ruine, aussy que la ditte place tenoit en neutralité.

Pendant le siège de Tigny s’estoit faicte la tresve de Bretagne, sans y comprendre l’Anjou et autres provinces circonvoisines, nonobstant le commandement du Roy ; M. de St Luc, comme il y a apparence, ayant esté pressé par la province, tellement que tout le faix de la guerre se deschargeoit sur l’Anjou. Pour à ce remédier fut mis en avant de tenir une conférence à Anceniz, pour traicter de la tresve, où particulièrement M. du Plessis envoya monsieur l’assesseur de Saumur, assisté d’un des esleuz nommé des Plantes, avec instruction de ce qu’ilz auroient à traicter avec les députez de monsr de Mercœur, conformément avec ceux des autres provinces. Durant le siège de Tigny mourut M. de Bernapré,