Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’estoit point de l’intelligence s’en alla à Chastellerault, d’où il pourveut à luy faille acheminer douze cens hommes de pied, pour trajetter[1] de Beauvais sur mer en la prochaine coste de Bretagne ; mais advint inopinément que l’armée navale des Espagnol vint prendre terre en la coste du Croisil, dont le sieur de la Tremblaye prit l’alarme, non sans subject, et se résolut à la retraicte, au lieu que le premier dessein estoit d’y prendre pied ferme, ce qu’autrement monsr du Plessis ne luy eust jamais conseillé. Les troupes composées de pièces diverses, l’envie du pillage et le désir de quelques uns soy voulans retirer en leurs garnisons, fut cause qu’on n’y eut point la patience requise. En ce temps, environ le moys de May, receusmes une perte de monsieur de la Borde, mon frère aisné, emporté soudainement d’une violente apoplexie, au cinquante troisiesme an de son aage.

N’est à oublier aussy qu’environ ce mesme temps, le sr de Vernay, lieutenant au chasteau de Chinon, poussé de mescontentement, s’en rendit maistre, et mit la dame de Chavigny dehors, laquelle le gouvernoit par l’incapacité du sieur de Chavigny son mary, aveugle de vieillesse. A quoy se résolvant, traicta avec M. de la Trémouille qu’il tiendroit la place soubz son authorité et recevroit l’exercice de la Religion en la ville, moiennant l’assurance de son secours, dont le Roy fut offensé. Le dit Vernay d’ailleurs, sur le reproche qu’on luy faisoit d’avoir eu

  1. L’édition de M. Auguis porte : « Pour traicter, » ce qui n’a aucun sens.