Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/337

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moins s’opposoit pour fortifier l’humeur contraire que nous avions à faire à gens qui ne s’obligeoient par aucuns devoirs ; et revenoit là dessuz en mémoire que, pour estre accouruz à la nécessité du feu Roy et à la ruine publique, renonceans à leurs intéretz particuliers, ilz n’en avoient pas été plus gratifiez. Ce donq qu’on put faire pour ce coup en ceste assemblée fust que le mal n’esclatast pas plus avant, sans pouvoir venir à une conclusion ; et en furent concertez avec messieurs les députez du Roy la plus part des articles concernans la Religion et la justice, par l’entremise de monsieur du Plessis, de ce requis par messieurs de l’assemblée, avec l’adjonction de quelques uns des députés des provinces ; mais pour ce qui estoit des seuretez, qui gisoit en l’entretenement de garnisons es places par eux tenues pour quelques années, et en la nomination des gouverneurs et capitaines qui viendroient à vaquer, n’osans d’une part les députez du Roy traicter ces articles où il alloit de l’authorité de S. M., et ceux de la Religion de l’autre espérans en avoir meilleur conte les traictans avec Sa Majesté mesmes, fut envoyé monsieur de Clairville, ministre de la parole de Dieu, vers sa ditte Majesté pour la privauté et confiance qu’il prendroit de luy, avec mémoires qui luy furent dressés par monsieur du Plessis. En ces entrefaictes, fut le cardinal d’Austriche[1], renvoyé avec sa honte et consé-

  1. Le cardinal Albert d’Autriche, alors gouverneur des Pays-Bas, vint avec dix-huit mille hommes pour faire lever le siège d’Amiens ; mais il fut repoussé avec perte, contraint de se retirer, et Amiens fut rendu au roi le 25 septembre 1597.